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un nid pour y enfermer le rêve de deux amants. Les deux amants sont loin… à part cela, je constate son utilité et je m’en sers pour vous déclarer, madame, que je désire que vous ne receviez plus la mère de Bruno Maldas chez vous, c’est-à-dire chez moi. »

Le duc, selon sa coutume, était livide. De plus, il clignait des paupières à cause du rose qui lui donnait sur les nerfs.

— Vous aviez espionné, monsieur ? Vous, le duc de Pluncey !

— Oui, madame, répliqua-t-il tranquillement.

— Et vous osez l’avouer ?

— Ne sommes-nous pas dans un boudoir, j’avoue que c’est mon rôle !

— Et vous vous permettez de me regarder pleurer ?

— Je me le permets !

— Je ne vous croyais pas capable d’outrepasser ainsi les convenances. J’ai l’habitude d’agir comme étant chez moi dans le lieu où je me trouve… Me suis-je trompée, monsieur ? Il fallait me prévenir…

— Certainement, mais, ma chère amie, je deviens, moi, l’homme le moins prévenu que je connaisse. Cela me fait perdre un peu de mon éducation première.

« Ensuite, ce bruit d’assassinat qui court me rend prudent… soyez prudente… Mes conseils sont absolument bons !

— Sa mère est arrivée pour…

— Je sais, madame, je sais. Elle agit d’une manière fort convenable. Les basses classes s’améliorent.