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nono

Un buste adolescent. À peine une frisure brune estompait le creux de la poitrine et la blancheur de la peau faisait ressortir les deux taches roses des seins, épanouies comme deux fleurs.

La tête était tournée un peu de côté. À la naissance du cou, une torsade de perles fines, toute une fortune, cachait la sinistre raie sanglante où avait passé le couperet.

Les cils retombaient sur ses joues leur donnant l’apparence d’un paisible sommeil.

Ses cheveux rasés avaient des reflets de velours et une radieuse expression relevait le coin des lèvres, devenues sensuelles dans la mort comme elles ne l’avaient jamais été dans l’amour.

Autour de lui, jusque dans les replis les plus secrets de sa chair, couraient des perles défilées… les unes mates, semblables aux tons jaunis de ses bras d’hercule, les autres brillantes comme le duvet de ses joues d’enfant.

La mère lui avait obéi : il avait désiré être enterré couvert du joyau des vierges et le rustre emportait de mystérieuses caresses pour l’éternité.

— Fils, dit la veuve, traçant une croix sur lui, nous te pardonnons !… »

Elle déploya le drap et posa un rameau béni au-dessus du cœur. Puis, aidée de Césarine, elle replaça le couvercle de la bière.

À ce moment, une porte s’ouvrit. Un pas lourd résonna, tandis qu’une voix saccadée disait aux gardiens :