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— Laissez-moi entrer… je suis le général Fayor ! »

La mère se retourna effrayée.

— Que me voulez-vous ? interrogea-t-elle. On ne peut pas m’empêcher d’ensevelir mon fils ?… »

Elle recula… L’homme qui venait n’était plus reconnaissable.

Il marchait le dos voûté, ses jambes vacillaient comme les jambes d’un centenaire et sa moustache était de la couleur des cheveux de la vieille femme.

— Madame ! dit l’homme en balbutiant, vous avez refusé hier les secours que je vous offrais au nom de ma fille. Aujourd’hui, je n’ai plus de fille !… et je viens chercher celle-ci ! »

Le général appuya ses doigts tremblants sur le front de Césarine.

La veuve ne devinait pas.

— Lisez ! continua-t-il, en lui tendant un papier. C’était une dépêche.

Elle eut un geste d’amère tristesse.

— Je ne sais pas lire ! répondit-elle. »

Alors, ce fut Césarine qui, lentement, épela ces lignes brèves datées de Londres, de la résidence du duc de Pluncey.

« Ce matin, à cinq heures et demie, la duchesse Renée, après une crise de folie furieuse, a rendu le dernier soupir.

» Edmond. »

— Vous ne comprenez pas, bégaya le vieux soldat