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enthousiasme de devenir riche, lui offrir un fil de perles vraies.

À Paris, il en avait trouvé un relativement bon marché : quinze cents francs. Mais toutes ses économies auraient à peine suffi à la dépense. Que faire ? Lui donner des perles fausses… Parce qu’elle était fausse, elle ?… Jamais ! Ce serait lâche !

Il s’absorba dans de douloureuses réflexions. Il fallait qu’il eût ce fil de perles avant le mariage. Ce serait horrible de le lui donner quand elle serait une dame.

Il s’attrapait les cheveux à poignées, secouant ses larmes sur le parquet. Ah ! s’il avait pu les enfiler ! mais, pas moyen ! Cela fond, les larmes d’amour. Il ne se disait pas qu’il se tuerait, non…, seulement il ne voulait plus la revoir.

C’était toute son enfance qui le quittait. Il entendit la cloche du château annonçant le dîner et ne descendit pas, car il avait une figure impossible ; les tracasseries d’en bas lui seraient devenues intolérables. Mlle Fayor, depuis une semaine, depuis qu’il l’avait aperçue courant la nuit où ce roc était retombé, Mlle Fayor avait des méchancetés du diable : elle épiait jusqu’à ses regards pour lui dire qu’il était bête de regarder ainsi. Nono, dont personne ne s’inquiétait, demeura là en présence de sa douleur.

Un instant il prit la plume et commença :

« Mademoiselle Lilie, je vous pardonne. Voici du papier. Je n’ai pas encore votre collier, mais je vous l’enverrai, pour sûr, avant votre mariage. Au-