Page:Rachilde - Nono, 1885.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
65
nono

qui ne tarderait pas à s’épandre sur un étroit pavois dallé en pente. Des étoiles perçaient la rotonde ardoisée envoyant des flèches d’or de la nappe d’eau, qui se moirait de mille reflets, à l’ombre recueillie de ce temple. On avait reçu l’injonction formelle de supprimer le stuc et les pierres de couleurs vives. Tout était blanc, et les croisillons des vitraux seraient violets, afin d’entretenir une obscurité mystérieuse.

Ces modifications n’étonnèrent personne. Mlle Fayor n’était pas une jeune fille : C’était un prisme.

La statue de Diane avait été érigée plus noire et au lieu d’y monter par des degrés de granit rose, on y descendait par des marches de marbre noir. Autour du rocher, l’herbe poussait, aussi drue, aussi épaisse que celle des cimetières.

Un matin, Nono, ayant perdu son général dans une inspection des écuries, s’échappa et vint hasarder sa curiosité par un vitrail laissé ouvert. Il voulait voir un peu ce qu’il appelait tout bas l’antre de la folle. Quand Mlle Renée, venue là aussi par hasard, l’aperçut :

— Voulez-vous entrer, monsieur Maldas ? » lui dit-elle.

Nono rougit, car elle ne lui adressait jamais la parole que pour lui dire une impertinence.

Il ôta son chapeau de paille, et écarta ses cheveux.

— Excusez-moi, mademoiselle ! je ne savais pas que vous y étiez.

— Et quand j’y serais, monsieur Maldas ! soyez