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ques, ne sourient pas, ne haussent pas les épaules.

Pour Bruno, garçon logique, il était prouvé que Mlle Renée demeurait éveillée quand elle se promenait sur les toits, en passant par sa chambre. Puis il supposa une machination infernale. Elle avait probablement l’intention de l’accuser de vol. Mais pourquoi lui donnait-elle une adresse de sa main ? Pourquoi lisait-elle ses lettres à Lilie ? Et y avait-il longtemps qu’elle se livrait à cet espionnage singulier de sa pauvre vie privée ?

Nono sentait des pointes d’aiguilles lui tourmenter le dos. Si sa pudeur naturelle ne l’eût retenu, il aurait demandé une explication. Mlle Fayor écrivit un mot sur un morceau vert pâle, et elle ajouta des cachets d’une cire parfumée aux coins de la boîte du collier. Après, elle s’approcha et souleva le rideau d’un geste calme pour examiner le visage de Nono. Nono, révolté, lui aurait volontiers sauté à la gorge. Seulement, pour cela, il fallait se découvrir… il se contint… Puis Renée se retira, lentement, comme elle était venue.

À l’aurore, Nono rêvait encore tout éveillé. Elle avait écrit ce simple mot bref et impératif… un ordre, enfin : « Envoyez ! » Nono envoya sans se permettre une réplique, même mentale.

La construction de la salle de bain avançait. On avait adossé au roc une jolie rotonde soutenue de piliers de pierres sculptées. À l’intérieur était une vasque ovale, peu profonde, déjà remplie d’eau, et