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— Certainement…, tu vas…, tu vas tomber », balbutia Renée d’une voix éteinte.

Césarine redescendit, Bruno s’écria de loin :

— La folle qui se fâche !… ah ! maman, il faudra que je vous raconte…

Et il accourut, tout essoufflé, laissant sa mère dans l’angoisse.

— Ma sœur est très remuante, fit-il, une fois arrivé.

— Songez, dit Renée avec un geste intraduisible, songez qu’elle voulait aller là !

— Bah ! fit Bruno émerveillé de cette subite condescendance, il n’y avait pas de danger, mademoiselle, et je vous remercie d’avoir pris peur pour elle. »

Un instant Renée fixa son regard épouvanté dans le regard tranquille de Nono. Puis elle se calma tout à coup.

— Mignonne, dit-elle doucement, j’ai des dragées dans ma maison de cristal. Veux-tu venir avec moi ? »

Confiante, la petite lui donna la main, et ils entrèrent toutes les deux sous la rotonde.

Bruno, stupéfait ne comprenant jamais rien à ces changements spontanés, se retirait, quand Renée ajouta :

— Monsieur Maldas, dites à votre mère de venir. Il ne sied pas qu’une femme âgée soit au soleil pendant que nous sommes à l’ombre. »

Bruno, ravi, alla chercher sa mère.

Au-dessus de la coupole du petit temple, Renée avait fait placer un timbre à percussion dont le son éclatant pouvait être entendu des domestiques du