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TRAGEDIE

Ma Famille vangée, & les Grecs dans la joye,
Nos Vaiſſeaux tout chargez des dépoüilles de Troye,
Les Exploits de ſon Pere, effacez par les ſiens,
Ses feux que ie croyois plus ardans que les miens,
Mon Cœur, toy-meſme enfin de ſa gloire ébloüye,
Avant qu’il me trahiſt, vous m’auez tous trahie.
Mais c’en eſt trop, Cleonne, & quel que ſoit Pyrrhus,
Hermione eſt ſenſible, Oreſte a des vertus.
Il ſçait aimer du moins, & meſme ſans qu’on l’aime ;
Et peut-eſtre il ſçaura ſe faire aimer luy-méme.
Allons. Qu’il vienne enfin.

CLEONNE.

Allons. Qu’il vienne enfin.Madame, le voicy.

HERMIONNE.

Ah ! ie ne croyois pas qu’il fuſt ſi prés d’icy.