Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/105

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tachement peu convenable. Les joues pâles d’Emilie se colorèrent d’un vif incarnat, mais sa rougeur étoit celle de l’orgueil ; elle ne fit aucune réponse. Bientôt après Montoni vint déjeûner ; il parla peu, et parut impatient de partir.

Les fenêtres de la salle s’ouvroient sur le jardin. Emilie, en y passant, reconnut la place où, la nuit précédente, elle avoit quitté Valancourt ; ce souvenir déchira son cœur, et elle détourna promptement la vue. Les équipages étant enfin disposés, les voyageurs montèrent en voiture. Emilie eût laissé le château sans éprouver un seul regret, si Valancourt n’eût habité dans le voisinage.

D’une petite éminence elle regarda les longues plaines de Gascogne et les sommets irréguliers des Pyrénées qui s’élevoient au loin sur l’horizon, et qu’éclairoit le soleil levant. Montagnes chéries, disoit-elle en elle-même, que de temps s’écoulera avant que je vous revoie ! que de malheurs, dans cet intervalle, pourront aggraver ma misère ! Oh ! si je pouvois être certaine que je reviendrai jamais, et que Valancourt vivra un jour pour moi, je partirois en paix ! Il vous verra, il vous contemplera, lorsque moi, je serai loin d’ici.