Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/106

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Les arbres qui bordoient la route, et formoient une ligne de perspective avec les lointains prolongés, étoient près d’en ôter la vue ; mais les montagnes bleues se distinguoient encore à travers le feuillage, et Emilie ne quitta pas la portière qu’elle ne les eût absolument perdues de vue.

Un autre objet bientôt s’empara de son attention. Elle avoit à peine remarqué un homme qui marchoit le long du chemin, avec un chapeau rabattu, mais orné d’un plumet militaire. Au bruit des roues il se retourna ; elle reconnut Valancourt. Il fit un signe, s’approcha de la voiture, et par la portière lui mit une lettre dans la main. Il s’efforça de sourire à travers le désespoir qui se peignoit sur son visage ; ce sourire sembla imprimé pour jamais dans l’ame d’Emilie ; elle s’élança à la portière, et le vit sur un petit tertre, appuyé contre de grands arbres qui l’ombrageoient. Il suivit des yeux la voiture, et tendit les bras ; elle continua de le regarder jusqu’à ce que l’éloignement eût effacé ses traits, et que la route, en tournant, l’eût absolument privée de le voir.

On s’arrêta à un château pour y prendre le signor Cavigni, et les voyageurs suivirent les plaines du Languedoc. Emilie étoit