Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/137

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étoit sur-tout le favori de Montoni. Verezzi ne manquoit pas de talens ; la violence de son imagination le rendoit esclave des passions opposées. Il étoit gai, voluptueux, entreprenant ; il n’avoit néanmoins ni suite ni vrai courage, et le plus vil égoïsme étoit l’unique principe de ses actions. Prompt dans ses projets, pétulant dans ses espérances, le premier pressé d’entreprendre et d’abandonner, non-seulement ses plans, mais ceux des autres ; orgueilleux, impétueux, révolté contre toute espèce de subordination ; et ceux pourtant qui connoissoient à fond son caractère et qui savoient diriger ses passions, le menoient comme un enfant. Tels étoient les amis que Montoni introduisit dans sa maison et admit à sa table, dès le lendemain de son arrivée à Venise. Il y avoit aussi parmi eux un noble vénitien, appelé le comte Morano et une Signora Livona, que Montoni présenta à sa femme comme une personne d’un mérite distingué. Elle étoit venue le matin, pour la féliciter de son arrivée, et on l’avoit invitée à dîner.

Madame Montoni reçut de très-mauvaise grâce les complimens des Signors. Il suffisoit, pour lui déplaire, qu’ils fussent les amis de son époux ; elle les haïssoit encore,