Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/159

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— Je desirois aussi, monsieur, vous entretenir à ce sujet, répondit Emilie. C’est une chose très-intéressante pour vous, reprit Montoni ; vous la voyez, sans doute, sous le même rapport que moi ; car on ne peut l’envisager sous aucun autre : vous conviendrez que toute objection fondée sur le sentiment, comme on l’appelle, doit céder à des considérations d’un avantage plus solide.

— En accordant ceci, dit Emilie modestement, il me semble que les considérations d’humanité doivent entrer aussi dans le calcul ; mais je crains qu’il ne soit trop tard pour délibérer sur ce plan, et je regrette qu’il ne soit plus en mon pouvoir de le rejeter.

— Il est trop tard, dit Montoni ; mais je suis bien aise de voir que vous vous soumettez à la raison et à la nécessité, sans vous livrer à des plaintes inutiles. J’applaudis singulièrement à cette conduite ; elle annonce une force d’ame dont votre sexe est rarement capable. Quand vous aurez quelques années de plus, vous reconnoîtrez le service que vos amis vous rendent en vous retirant des romanesques illusions du sentiment ; vous les regarderez comme des lisières d’enfance qu’il faudroit briser en sortant de nourrice. Je n’ai pas fermé ma