Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/216

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et attendoit le retour du domestique. Emilie observoit la singularité imposante et l’abandon de cet appartement. Une seule lampe l’éclairoit, et se trouvoit placée près d’un grand miroir de Venise, qui réfléchissoit obscurément la scène, et entre autres la grande figure de Montoni, passant et repassant avec les bras croisés, et le visage ombragé du panache qui flottoit sur son grand chapeau.

De l’examen de ce spectacle, l’esprit d’Emilie se porta aux appréhensions de ce qu’elle auroit à souffrir : le souvenir de Valancourt, si éloigné d’elle, vint ensuite peser sur son ame, et changer sa crainte en douleur. Un long soupir lui échappa ; elle essaya de retenir ses pleurs, et s’approcha d’une haute fenêtre. Elle ouvroit sur les remparts, au-dessous desquels se trouvoient les bois qu’on traversoit pour venir au château. Mais l’ombre de la nuit enveloppoit les montagnes ; à peine leurs contours pouvoient-ils même se distinguer sur l’horizon, dont une bande rougeâtre indiquoit seule l’occident. La vallée tout entière étoit ensevelie dans les ténèbres. Les objets qui frappèrent les regards d’Emilie lorsqu’on ouvrit la porte, n’étoient guère moins tristes. Le vieux serviteur, qui