Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/234

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cela vous auroit fait pleurer aussi, à ce qu’on m’assure !

— Bien : mais, Annette, dites-moi la substance de votre conte.

— Tout en son temps, mademoiselle, j’ai su tout cela à Venise même ; mais ce qui suit, je ne le sais que d’aujourd’hui : cela arriva il y a bien des années, M. Montoni n’étoit encore qu’un jeune homme ; la dame, on l’appeloit la signora Laurentini, elle étoit très-belle, mais elle se mettoit souvent en grande colère aussi bien que monsieur. S’appercevant qu’elle ne vouloit pas l’écouter, que fait-il ? il laisse le château et n’y revient plus ; mais cela étoit indifférent pour elle, elle étoit tout juste aussi malheureuse, quand il y étoit que quand il n’y étoit pas. Un soir enfin… Grand Saint-Pierre, mademoiselle, s’écria Annette, regardez cette lampe ! voyez donc comme la flamme est bleue : elle parcourut ensuite toute la chambre avec des yeux effrayés. — Que vous êtes folle, dit Emilie ! comment se livre-t-on à ces ridicules idées ? De grâce, achevez-moi votre histoire, je suis très-fatiguée.

— Annette fixa encore la lampe, et continua d’une voix plus basse. Ce fut un soir, à ce qu’on dit, vers la fin de l’année ; ce