Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/69

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l’unique réponse qu’elle obtint, fut que Montoni avoit défendu ce mariage, attendu qu’Emilie pouvoit prétendre à de bien plus grands partis.

Je laisse actuellement toute cette affaire à mon mari, ajouta madame Montoni ; mais je dois convenir que jamais M. Valancourt ne m’a plu, et que jamais je n’aurois dû donner mon consentement. Je suis foible assez. Je suis si bonne, bien souvent, que le chagrin des autres me désole : et votre affliction l’emporta sur mon opinion. Mais M. Montoni m’a fort bien démontré la folie que je faisois ; il n’aura point à me la reprocher une seconde fois. Je prétends absolument que vous vous soumettiez à ceux qui connoissent mieux que vous vos intérêts. Je suis bien décidée à ce que vous leur obéissiez en tout.

Emilie auroit été surprise des assertions et de l’éloquence de ce discours, si toutes ses facultés, anéanties du choc qu’elle avoit reçu, lui eussent permis d’en entendre un seul mot. Quelle que fût la foiblesse de madame Montoni, elle auroit pu s’épargner le reproche d’une excessive compassion et d’une prodigieuse sensibilité aux peines des autres, sur-tout à celles d’Emilie. Cette même ambition qui l’avoit d’abord engagée