Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/90

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être à moi pour toujours ! Sa voix trembloit ; il se tut. Emilie pleuroit et gardoit le silence. Valancourt lui proposa de se marier à l’instant ; elle quitteroit, au point du jour, la maison de madame, Montoni, et le suivroit à l’église des Augustins, où un prêtre les attendroit pour les unir.

Emilie se tut encore : le silence avec lequel elle écoutoit une proposition que dictoient l’amour et le désespoir, dans un moment où elle étoit à peine libre de la rejeter, quand son cœur étoit attendri de la douleur d’une séparation qui pouvoit être éternelle, quand sa raison étoit en proie aux illusions de l’amour et de la terreur, ce silence encourageoit les espérances de Valancourt. — Parlez, mon Emilie, lui disoit-il avec ardeur, laissez-moi entendre votre voix ; laissez-moi entendre de vous la confirmation de mon destin. Elle restait muette, ses joues étoient glacées, ses sens étoient prêts à défaillir ; cependant, elle n’en perdit pas l’usage. L’imagination troublée de Valancourt se la représentoit mourante. Il l’appeloit par son nom, se levoit pour aller demander du secours au château, et se rappelant sa situation, il frémissoit de sortir et de la quitter un seul instant.