Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/91

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Après quelques momens elle fit un long soupir, et revint à la vie. Le combat qu’elle avoit souffert entre l’amour et le devoir, sa soumission à la sœur de son père, sa répugnance à un mariage clandestin, la crainte d’un embarras inextricable, la misère et le repentir dans lesquels elle pouvoit plonger l’objet de son affection, tant d’intérêts puissans étoient trop forts pour un esprit énervé par la tristesse, et sa raison étoit demeurée en suspens. Mais le devoir et la sagesse, quelque pénible qu’eût été le débat, triomphèrent à la fin de la tendresse et de ses noirs pressentimens. Elle redoutoit, sur-tout, d’ensevelir Valancourt dans l’obscurité, et les vains regrets qui seroient, ou lui paroissoient devoir être la conséquence certaine d’un mariage dans leur position. Elle se comporta sans doute avec une grandeur d’ame peu commune, quand elle résolut d’éprouver un malheur présent, plutôt que de provoquer un malheur futur.

Elle, s’expliqua avec une candeur qui prouvoit bien à quel point elle l’estimoit et l’aimoit, et elle lui devint, s’il étoit possible, encore plus chère que jamais. Elle lui exposa tous ses motifs de refus. Il réfuta, ou plutôt contredit tous ceux qui ne