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Montoni le regarda gravement. Si vous voulez m’écouter, ajouta-t-il, je vous raconterai cette histoire.

Les physionomies de Bertolini et de Verezzi exprimoient plus que de la curiosité. Cavigni, qui n’en manifestoit aucune, savoit probablement déjà l’histoire.

Il y a près de vingt ans, dit Montoni, que ce château est en ma possession. La dame qui le possédoit avec moi, n’étoit ma parente que de loin. Je suis le dernier de la famille : elle étoit belle et riche, je lui offris mes vœux ; elle en aimoit un autre, et son cœur me rejeta. Il est vraisemblable que celui qu’elle favorisoit la rejeta aussi elle-même. Une profonde et constante mélancolie s’empara d’elle, j’ai tout lieu de croire qu’elle-même abrégea ses jours. Je n’étois pas alors dans ce château : cet événement est rempli de singulières et de mystérieuses circonstances, et je vais vous les répéter.

Répétez-les, dit une voix.

Montoni se tut ; ses hôtes se regardèrent, et se demandèrent qui d’entre eux avoit parlé. Ils s’apperçurent que tous en faisoient la question. Montoni, se remettant enfin, dit : On nous écoute ; nous reprendrons une autre fois : passez le verre.