Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/158

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tante ne l’écoutoit pas, et paroissoit perdue dans ses pensées. Emilie, la laissant aux soins d’Annette, courut chercher Montoni. Elle le trouva sur le rempart, au milieu d’un groupe d’hommes effrayans. Ils l’entouroient. Leurs regards étoient audacieux mais soumis. Montoni s’exprimoit avec vivacité, sans voir Emilie. Elle remarqua de loin un homme plus sauvage que les autres, appuyé sur sa pique, et considérant Montoni par-dessus les épaules de l’un de ses camarades. Il écoutoit d’une oreille avide. Cet homme ne sembloit pas fléchir comme les autres sous l’empire du signor Montoni ; quelquefois même il se donnoit un air d’autorité, que les manières décidées de Montoni ne réprimoient pas. Quelques paroles de Montoni se répétèrent enfin parmi la troupe, et quand ces hommes se séparèrent, Emilie entendit : Ce soir commence la garde, au coucher du soleil.

Au coucher du soleil, répondirent quelques-uns ! Ils se retirèrent. Emilie rejoignit Montoni, quoiqu’il parût vouloir l’éviter. Elle eut le courage de ne se pas rebuter. Elle s’efforça de prier pour sa tante, de représenter son état, et le danger où pourroit l’exposer un appartement trop froid. Elle souffre par sa faute, répondit-il, et ne