Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le sien, comme on quitte le nid d’un serpent. Mais ce n’est pas la dernière fois qu’il entendra parler de moi. Dites-lui que, si je puis l’empêcher, je ne laisserai pas un autre meurtre sur sa conscience.

— Comte Morano, savez-vous ce que vous dites ? dit Cavigni.

— Oui, signor, je sais bien ce que je dis, et il entendra ce que je veux dire. Sa conscience, sur ce point, secondera son intelligence.

— Comte Morano, dit Verezzi, qui jusques-là observoit en silence, osez encore insulter mon ami, et je vous plonge mon épée dans le cœur.

— Cette action seroit digne de l’ami d’un infâme, dit Morano. Et la violence de son indignation le fit soulever des bras de ses serviteurs. Mais cette énergie ne fut que momentanée : il retomba épuisé par cet effort. Les gens de Montoni retenoient alors Verezzi, qui sembloit disposé à remplir sa menace. Cavigni, moins dépravé que lui, tâchoit de le faire sortir. Emilie, qu’une vive compassion avoit jusqu’alors retenue, se retiroit en ce moment avec une nouvelle terreur ; la voix de Morano l’arrêta. Il fit un geste foible, et lui demanda de s’approcher plus près. Elle avança d’un pas ti-