Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T3.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mide ; mais la langueur qui décomposoit tous les traits du blessé, excita son extrême pitié, et vainquit toute sa terreur.

Je vous quitte pour toujours, lui dit-il ; peut-être ne vous verrai-je plus. Je voudrois, Emilie, emporter mon pardon. Le dirai-je ? je voudrois emporter jusqu’à votre bienveillance.

— Recevez ce pardon, dit Emilie, et les vœux bien sincères que je fais pour votre heureuse guérison.

— Et seulement pour ma guérison ! dit Morano en soupirant. — Pour votre bonheur, ajouta Emilie.

— Peut-être devrois-je être content, reprit-il, je n’en mérite pas davantage. Mais j’ose vous le demander, Emilie, pensez à moi ; oubliez mon offense, et rappelez-vous seulement toute la passion qui la causa. Je voudrois vous demander, hélas ! des choses impossibles : je voudrois vous demander de m’aimer. À ce moment où je vous quitte, et peut-être pour jamais ; à ce moment où je suis à peine à moi-même ; Emilie, puissiez-vous ne jamais connoître les tourmens qu’une passion fait souffrir ! mais que dis-je ? oh ! si jamais vous les sentiez, que moi seul j’en sois l’objet.

Emilie paroissoit impatiente de s’éloi-