Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

où le génie turbulent des gouvernemens et des peuples permettent de goûter la paix. Il s’éleva, à cette époque, un ordre d’hommes inconnus à notre siècle, et mal dépeints dans l’histoire de celui-ci. Parmi les soldats licenciés à l’issue de chaque guerre, un petit nombre se remettoit aux arts lucratifs de la paix et du repos. Les autres quelquefois passoient au service des puissances qui se trouvoient en campagne. Quelquefois ils formoient des bandes de brigands, et maîtres de quelque forteresse, leur caractère désespéré, la foiblesse des lois offensées, la certitude qu’au premier signal on les verroit sous les drapeaux, les mettoient à l’abri de toute poursuite civile. Ils s’attachoient parfois à la fortune d’un chef populaire, qui les menoit au service d’un état et marchandoit le prix de leur courage. Cet usage amena le nom de Condottieri, nom formidable en Italie durant un période très-long. On en fixe la fin au commencement du dix-septième siècle ; mais il seroit plus difficile d’en indiquer la première origine.

Les guerres entre les petits états n’étoient, pour ainsi dire, que des affaires d’entreprise : les probabilités du succès se mesuraient, non sur le talent, mais sur le courage personnel du général et de ses sol-