Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tune par le pillage des voyageurs. À la vérité, quand elle y songeoit bien, dans un château très-fort et presqu’inaccessible, isolé parmi des montagnes aussi sauvages que solitaires ; des villes, des bourgs épars à de grandes distances, le passage continuel des plus riches voyageurs ; il lui sembloit qu’une telle situation étoit bien assortie à des projets de rapine, et elle ne doutoit plus que Montoni ne fût chef de voleurs. Son caractère sans frein, audacieux, cruel, entreprenant, étoit convenable à une pareille profession ; il aimoit le tumulte et la vie orageuse ; il étoit étranger à la pitié comme à la crainte ; son courage ressembloit à une férocité animale. Ce n’étoit pas cette impulsion noble qui excite une âme indignée contre l’oppresseur en faveur de quelqu’opprimé, mais une simple disposition physique d’organes qui ne permet pas à l’âme de sentir la crainte, parce qu’elle ne sent rien autre chose.

La supposition d’Emilie, quoique naturelle, n’étoit pourtant pas bien exacte : elle ignoroit la situation de l’Italie et les intérêts respectifs de tant de contrées belligérantes. Les revenus de plusieurs états n’étoient pas suffisans pour maintenir des armées durant même les trop courts périodes