Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/30

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Si c’est une personne, disoit-elle, qui ait des desseins sur ce château, ma curiosité peut me devenir fatale, et pourtant ces lamentations, cette musique, que j’ai entendues, ne peuvent être venues que de cette personne. Sûrement ce n’est pas un ennemi.

Elle pensa, en ce moment, à sa malheureuse tante, et tressaillant de douleur et d’horreur, le délire de l’imagination l’emporta, et elle ne douta plus qu’elle n’eût vu un objet surnaturel. Elle trembloit, elle respiroit avec difficulté ; ses joues étoient glacées. La crainte pour un moment surmonta son jugement ; mais sa résolution ne l’abandonna pas, et elle resta bien décidée à interroger la figure, si elle se présentoit encore.

Le temps passoit ; inquiète, impatiente, elle s’appuyoit sur sa fenêtre. L’obscurité et le calme annonçoient qu’il étoit minuit. Un clair de lune voilé lui laissoit distinguer les montagnes et les bois, les tourelles qui formoient l’angle occidental, et la terrasse au-dessous d’elle. Elle n’entendoit aucune espèce de son, excepté le mot d’ordre lorsqu’il se répétoit par les gardes, et le bruit qu’on faisoit en les relevant. Elle voyoit alors briller les piques au clair de lune, et