Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/32

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agitation augmenta, et Montoni, qui sans doute ne la voyoit pas, continua sa conversation. Quelques officiers se retournèrent, virent Emilie, et firent une exclamation. Elle alloit se retirer, la voix de Montoni l’arrêta ; et elle lui dit à mots entrecoupés : Je voudrois vous parler, signor, si vous en aviez le loisir.

— Je suis avec de bons amis ; vous pouvez, reprit-il, me parler devant eux.

Emilie, sans lui répliquer, se déroba aux regards avides des chevaliers, et Montoni alors, la suivant dans la salle, la conduisit dans un petit cabinet dont il ferma la porte avec violence. Elle leva les yeux sur sa physionomie barbare, et elle pensa qu’elle regardoit le meurtrier de sa tante. Son esprit bouleversé d’horreur perdit le souvenir du dessein de sa visite, et elle n’osa plus nommer madame Montoni.

Le signor à la fin lui demanda avec impatience ce qu’elle avoit à lui communiquer. — Je n’ai pas de temps à perdre en bagatelles, dit-il, tous mes momens sont importans.

Emilie lui dit alors qu’elle désiroit de retourner en France, et qu’elle venoit lui en demander la permission. Il la regarda avec surprise, et lui demanda le motif d’une