Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/86

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reconnut cet air pour celui qu’elle avoit entendu dans la pêcherie, en Gascogne. Le mystère, qui alors accompagnoit cette chanson, avoit concouru peut-être à la graver dans sa mémoire, et depuis, elle n’avoit pu l’oublier entièrement. La manière dont on la chantoit la convainquit, malgré l’excessive invraisemblance, que cette voix étoit celle qu’elle avoit entendue. Alors la surprise fit place à d’autres émotions : une pensée s’offrit à elle avec la rapidité de l’éclair, et avec cette pensée une suite d’espérances qui ranima tous ses esprits. Cependant ces espérances étoient si neuves, si inattendues, si surprenantes, qu’elle n’osoit s’y livrer, et ne pouvoit s’en détacher. Elle étoit près de sa fenêtre, ne respirant plus, et balancée entre l’espoir et la crainte ; elle se releva, se pencha pour mieux entendre ; et tour à tour dans le doute et la confiance, elle prononça doucement le nom de Valancourt, et retomba sur sa chaise. Il étoit possible que Valancourt fût près d’elle, et elle se rappeloit des circonstances qui lui persuadoient qu’elle avoit reconnu sa voix. Elle se rappeloit qu’il lui avoit dit plusieurs fois que la pêcherie où elle avoit entendu et cette voix et cet air, où elle avoit trouvé des