Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T4.djvu/87

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vers écrits pour elle, avoit été sa promenade favorite, avant même qu’elle le connût. Il étoit donc plus que probable que Valancourt étoit le musicien dont autrefois elle avoit été si contente, et en même temps l’auteur des vers qui exprimoient une si tendre admiration : autrement qui l’auroit été ? Dans le premier moment, il ne lui avoit pas été possible de former même une conjecture sur l’écrivain. Depuis sa liaison avec Valancourt, et depuis surtout qu’il avoit parlé de la pêcherie, elle ne s’étoit pas fait scrupule de lui attribuer les couplets.

À mesure que ses réflexions se consolidoient, la joie, la crainte et la tendresse se réunissoient dans son cœur ; elle se penchoit à la fenêtre pour entendre des sons qui confirmassent ou détruisissent son espérance. Jamais devant elle Valancourt n’avoit chanté ; mais la voix et l’instrument cessèrent bientôt de se faire entendre. Elle considéra un moment si elle risqueroit de parler. Ne voulant pas, si c’était Valancourt, faire l’imprudence de le nommer, trop intéressée néanmoins pour négliger l’occasion de s’éclaircir, elle cria de sa fenêtre : Est-ce une chanson de Gascogne ? Inquiète, attentive, elle attend une ré-