Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/126

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— Votre repos exige que nous nous séparions, que nous nous séparions pour toujours, dit Valancourt ! Je n’attendois pas un pareil discours de votre bouche.

Il se tut un moment. Enfin, dans une douleur passionnée, Valancourt déplora ses torts et le malheur où l’abandon d’Emilie le plongeoit ; il fondit en larmes, et ne poussa plus que des soupirs entrecoupés.

— Il est vrai, reprit-il, que je suis déchu de ma propre estime ; mais auriez-vous pu si promptement renoncer à moi si vous n’aviez déjà cessé de m’aimer, ou si vous ne cédiez, le dirai-je, aux projets d’un autre ?

Emilie versoit un torrent de larmes. Non, Emilie, non, vous n’y consentiriez pas si vous m’aimiez encore ; vous trouveriez votre bonheur à conserver le mien.

— Serois-je excusable, répondit-elle, en vous confiant le repos de ma vie ? Comment me le conseilleriez-vous, si je vous étois chère ?

— Si vous m’étiez chère, s’écria Valancourt ! Est-il possible que vous doutiez de mon amour ! Mais oui, vous avez raison d’en douter, puisque je suis moins disposé à l’horreur de me séparer de vous, qu’à celle de vous envelopper dans ma ruine. Oui, je