Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/127

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suis ruiné, ruiné sans ressources ; je suis accablé de dettes, et je ne saurois les acquitter. Les yeux de Valancourt étoient égarés quand il disoit ces mots ; ils prirent à l’instant l’expression d’un affreux désespoir. Emilie fut forcée d’admirer sa franchise ; elle sembla, durant quelques minutes, résister à sa propre douleur, et lutter contre elle-même. Je ne prolongerai pas, dit-elle enfin, un entretien dont l’issue ne sauroit être heureuse. Valancourt, adieu.

— Non, vous ne partirez pas, dit-il impétueusement ; vous ne me laisserez pas ainsi ! vous ne m’abandonnerez pas avant que mon esprit ait recueilli la force dont il a besoin pour soutenir ma perte. Emilie, effrayée par le feu sombre de ses regards, lui dit d’une voix douce : — Vous avez reconnu vous-même que nous devions nous séparer ; si vous desirez me faire croire que vous m’aimez, vous le reconnoîtrez encore. — Jamais, jamais, s’écria-t-il ! j’étois un insensé quand j’avouois… Emilie, c’en est trop : vous ne vous trompez pas sur mes fautes ; mais le comte est la barrière qui nous sépare, il ne sera pas long-temps un obstacle à ma félicité.

— C’est à présent, dit Emilie, que vous parlez en insensé : le comte n’est pas votre