Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/166

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comme si elle eût pu voir cette figure dont parloit Dorothée : elle ne vit que le bord blanc de l’oreiller qui sortoit de dessous le velours noir. Mais pendant que ses regards erroient sur cette couverture, elle crut y appercevoir un mouvement. Sans parler, elle prit le bras de Dorothée, qui, surprise de l’action et de la terreur dont elle paroissoit accompagnée, tourna les yeux sur le lit ; elle vit le velours se soulever et s’abaisser ensuite.

Emilie vouloit fuir. Dorothée, les yeux fixés sur le lit, dit à la fin : — C’est le vent qui souffle, mademoiselle ; nous avons laissé toutes les portes ouvertes. Voyez comme l’air agite aussi la lampe ; ce n’est que le vent.

À peine eut-elle achevé ces mots, que le manteau s’agita plus violemment. Emilie, honteuse de sa terreur, se rapproche du lit ; elle veut s’assurer que le vent seul avoit causé sa crainte : elle regarde entre les rideaux, la couverture s’agite encore, s’écarte, et laisse voir… une figure humaine. Toutes deux firent un cri, et laissant toutes les portes ouvertes, s’enfuirent aussi vite que leurs jambes tremblantes purent le permettre. Lorsqu’elles furent parvenues à l’escalier, Dorothée ouvrit une chambre où couchoient deux servantes, et tomba sans connoissance