Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/167

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sur un lit. Emilie privée de sa présence d’esprit, ne fit qu’un foible effort pour cacher aux servantes surprises la véritable cause de sa terreur. Dorothée, en reprenant ses sens, essaya de rire de sa frayeur. Emilie fit comme elle ; mais les servantes promptement alarmées ne se déterminèrent point à achever leur sommeil dans le voisinage d’un si terrible appartement.

Dorothée reconduisit Emilie chez elle, et elles commencèrent à parler plus froidement de l’étrange incident qui venoit de leur arriver. Emilie auroit presque douté de la vision, si Dorothée ne lui en eût attesté la réalité. Elle raconta alors ce qu’elle avoit cru voir dans le salon, et demanda à Dorothée si elle étoit bien sûre que personne n’eût pu secrètement s’y introduire. Dorothée répliqua que les clefs n’étoient pas sorties de ses mains ; qu’en faisant sa ronde autour du château, ce qui lui arrivoit souvent, elle avoit plusieurs fois examiné les portes, et les avoit toujours trouvées fermées. — Il est donc impossible, ajouta-t-elle, que personne ait pu s’introduire dans cet appartement ; et quand on l’auroit pu, est-il probable que, par choix, on allât coucher dans un lieu si froid et si solitaire ?