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chambre isolée, entendoit par intervalles le bruit d’une porte qui se fermoit. L’horloge de la grande salle, dont il étoit fort loin, frappa douze coups. — Il est minuit, dit-il ; et il regarda attentivement dans le vague de la chambre. Le feu étoit presque éteint ; son livre l’avoit occupé, et il avoit oublié le reste. Il y remit du bois, non qu’il eût froid, quoique la nuit fût orageuse, mais pour s’égayer. Il moucha de nouveau sa lampe, versa un verre de vin, tira sa chaise plus près du foyer, et s’efforça d’être sourd au murmure des vents qui mugissoient à toutes les issues. Enfin, pour résister à la mélancolie qui le gagnoit peu à peu, il reprit sa lecture. Ce livre lui avoit été prêté par Dorothée ; elle l’avoit trouvé autrefois dans un coin de la bibliothèque du marquis, et le voyant rempli de choses merveilleuses, elle se l’étoit approprié. L’état où il étoit excusoit cette indiscrétion : le coin humide où il avoit été relégué avoit moisi la couverture, et les feuillets étoient tellement tachés, qu’on ne les déchiffroit pas sans peine.

Le conte sur lequel Ludovico tomba étoit d’une extrême longueur, mais on peut l’abréger : le lecteur y reconnoîtra le goût et le caractère des ouvrages du temps.