Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/36

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Le mystérieux ombrage des bois, la grandeur sauvage des montagnes, la solitude imposante des salles gothiques, des longues galeries qui ne résonnoient qu’aux pas d’un domestique ou aux sons de l’horloge du château, tous ces objets ne lui offroient qu’une triste perspective. Elle s’efforçoit de prendre courage, en pensant aux récits des jolies vendanges de Languedoc. Mais, hélas ! en Languedoc, on ignoroit les contre-danses de Paris, et les fêtes rustiques des paysans étoient peu propres à flatter un cœur dont le luxe et ses habitudes avoient banni depuis long-temps les goûts simples et les bons penchans.

Le comte avoit un fils et une fille, enfans de son premier mariage ; il désira qu’ils vinssent avec lui. Henri, alors dans sa vingtième année, étoit au service de France. Blanche, qui n’avoit pas encore dix-huit ans, étoit toujours dans le couvent où on l’avoit placée, lors du second mariage de son père. La comtesse, n’avoit ni assez de talens pour élever sa belle-fille, ni assez de courage pour l’entreprendre. Elle avoit conseillé ce parti ; et la crainte qu’une beauté naissante ne vînt à éclipser la sienne, lui avoit fait depuis employer mille moyens pour prolonger la réclusion de Blanche. Elle n’apprit