Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/44

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tout-à-fait. Mais elle fut bientôt tirée de la situation charmante où cette vue l’avoit mise ; la comtesse mécontente de tout, impatiente de se rafraîchir et de se reposer, se hâtoit de gagner un très-vaste salon. La boiserie de cèdre, les fenêtres étroites, les lambris de noir cyprès, donnoient à cet appartement une profonde tristesse. Le velours vert des meubles passés, les franges d’or rougies qui les ornoient, ne servoient qu’à les rendre plus lugubres.

Tandis que la comtesse demandoit quelques rafraîchissemens, le comte avec son fils visitoit d’autres parties de la maison. Blanche restoit témoin malgré elle de la mauvaise humeur et du mécontentement de sa belle-mère.

Combien avez-vous passé de temps dans ce triste séjour, dit la comtesse à la vieille femme de charge quand elle vint lui offrir ses respects ? — Environ vingt ans, madame, à la Saint-Jérôme qui vient.

— Comment avez-vous pu y rester si long-temps, et presque seule encore ? On m’a dit que le château avoit été fermé durant quelques années ?

— Oui, madame ; ce fut quelques années après que feu M. le marquis, mon maître, fut parti pour la guerre. Mais il y a plus de