Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T5.djvu/68

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en se réfléchissant, enflammer le sommet des bois et les combles du couvent.

L’apparence des cieux alarma la comtesse et mademoiselle Béarn ; leurs cris et leurs frayeurs inquiétoient le comte, et troubloient leurs rameurs. Blanche se contenoit en silence, tantôt agitée par la crainte, et tantôt par l’admiration ; elle observoit la grandeur des nuages, leur effet sur la scène, et écoutoit les roulemens prolongés de la foudre, qui ébranloient les airs.

Le bateau s’arrêta en face du monastère. Le comte envoya un de ses gens pour annoncer son arrivée à la supérieure, et lui demander asyle. L’ordre de Sainte-Claire étoit dès-lors assez peu austère ; cependant les femmes seules pouvoient être admises dans le couvent. Le domestique rapporta une réponse, qui respiroit tout-à-la-fois l’hospitalité et l’orgueil, mais un orgueil déguisé en soumission. On débarqua, on traversa promptement la pelouse, à cause d’une abondante pluie, et l’on fut reçu par la supérieure, qui d’abord étendit la main et donna sa bénédiction. On passa dans une grande salle, où se trouvoient quelques religieuses, toutes vêtues de noir, et voilées de blanc. Le voile de l’abbesse pourtant étoit à demi-relevé, et découvroit une dignité