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douce, que tempéroit un sourire obligeant. Elle conduisit la comtesse. Blanche et mademoiselle Béarn dans un salon de son couvent, et le comte avec Henri restèrent au parloir.

La comtesse, fatiguée, mécontente, reçut les politesses de l’abbesse avec une dédaigneuse hauteur ; elle la suivit d’un air indolent. Les vitrages coloriés, la boiserie de mélèse, qui en tout temps rendoient l’appartement triste et fort sombre, ajoutaient ce soir à l’obscurité générale.

L’abbesse demanda des rafraîchissemens, et entretint la comtesse. Blanche s’approcha d’une fenêtre, et les carreaux d’en bas n’étant pas coloriés, elle put considérer les progrès de la tempête. Les vagues sombres de la mer, qui, l’instant d’auparavant, sembloient encore endormies, s’enfloient avec hardiesse, et venoient sans interruption se briser contre la côte. Un rouge sulfureux bordoit les nuages, qui s’entassoient à l’occident, tandis que les éclairs rougeâtres, qui perçoient par-dessous, éclairoient au loin les rives du Languedoc, les touffes de bois plus rapprochées, et quelque partie de la mer, qui touchoit à l’horizon : le reste étoit profondément obscur. Par intervalles, un éclair échappé dans