Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/15

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reprit à la hâte le chemin qui menoit au château. Tout en marchant, elle se souvint de la musique qu’elle avoit entendue près de la tour, et de la figure qui ensuite lui avoit apparu. Dans son agitation, elle fut portée à croire que c’étoit Valancourt qu’elle avoit vu et entendu. D’autres souvenirs lui ôtèrent cette erreur ; mais en tournant une partie très-touffue du bois, elle aperçut une personne qui se promenoit lentement dans un endroit fort sombre. Préoccupée d’une seule idée, Emilie tressaillit, s’arrêta, et crut voir Valancourt. La personne s’avança, et avant qu’elle fût remise assez pour fuir, on lui parla : c’étoit le comte. Emilie reconnut sa voix ; il exprima quelque surprise en la voyant de si bonne heure à la promenade, et il fit un effort pour plaisanter sur son goût pour la solitude. Il s’aperçut bientôt qu’il falloit moins la railler que la plaindre. Il changea de ton, et lui reprocha tendrement l’excès d’une douleur inutile. Elle sentoit la justesse de ses exhortations ; mais elle fondoit en larmes. Le comte prit un autre sujet, et s’étonna de ce que l’avocat d’Aix, son ami, n’avoir pas répondu à sa consultation sur la cession des biens de madame Montoni. Il chercha à distraire Emilie par l’espérance