Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/56

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d’autres parties des environs de Toulouse. Toutes les réflexions, toutes les douleurs qu’elle avoit éprouvées en leur faisant ses derniers adieux, se présentèrent en foule à son cœur avec une nouvelle force ; elle se rappela ses inquiétudes sur un avenir qui devoit décider de son bonheur et de celui de Valancourt, les pressentimens qui l’avoient assaillie, les mots qu’elle avoit prononcés : si j’étois sûre, avoit-elle dit alors, que je dusse revenir un jour, et que Valancourt dût vivre encore pour moi, je partirois heureuse.

Cet avenir, si douloureusement anticipé, étoit devenu le présent. Elle étoit de retour ; mais quel vide effroyable ! Valancourt ne vivoit plus pour elle ! il ne lui restait pas même la triste jouissance de contempler son image dans son cœur ! Il n’étoit plus, ce Valancourt qu’elle avoit chéri ! la consolation de ses chagrins, l’ami dont le souvenir l’avoit rendue assez forte pour supporter l’oppression de Montoni, l’objet d’un espoir éloigné qui avoit embelli ses plus malheureux jours. Cette image bien-aimée n’avoit été qu’une illusion. Valancourt sembloit s’être évanoui pour elle, et son âme flétrie n’avoit plus que des regrets et des souvenirs.