Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/95

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d’en-haut ajoutoit au péril de ce trajet, ne troubloit point leur marche. Ce fut alors que cette torche unique, dont jusque-là on avoit si peu senti le prix, devint un inestimable trésor. Blanche, effrayée, presque mourante, s’efforça à son tour de recueillir sa présence d’esprit. Précédée par son amant, soutenue par son père, elle suivit la lueur rougeâtre de la torche, et se trouva à l’autre bord.

En avançant, les montagnes se resserrèrent, et ne formèrent plus qu’un étroit défilé, au fond duquel rouloit avec un bruit affreux le torrent qu’on avoit passé. Les voyageurs pourtant se félicitoient en entendant les aboiemens du chien, qui veilloit peut-être sur les montagnes pour les préserver de la descente des loups. Le bruit s’approchoit, et dans la joie que leur causoit l’espérance du repos, ils virent de loin briller la lumière. Elle paroissoit à une hauteur considérable au-dessus de leur sentier. On la voyoit, on la perdoit selon que l’agitation des branches l’interceptoit ou découvroit ses rayons. Les muletiers appelèrent de toutes leurs forces ; mais aucune voix ne répondit. Enfin, croyant être plutôt reconnus, ils tirèrent un coup de pistolet, et puis écoutèrent. Le bruit de l’explosion répété