Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T6.djvu/96

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à travers les rochers, fut le seul qu’on put distinguer. Un silence absolu lui succéda. La lumière cependant se voyoit plus distinctement. Bientôt après on entendit les sons confus de quelques voix. Les muletiers renouvelèrent leurs cris ; les voix se turent, et la lumière disparut.

Blanche succomboit presqu’à l’inquiétude, à la fatigue, à l’effroi. Le comte et Sainte-Foix soutenoient à peine son courage. Pendant qu’ils avançoient, un objet se montra sur la pointe d’un roc élevé. La lune donnoit avec force ; on le reconnut pour une tour. Le comte, à sa situation et à quelques autres circonstances, ne douta pas que ce ne fût une tour d’observation, et croyant que la lumière en étoit venue, il s’efforça de ranimer sa fille par la perspective d’un prompt repos que devoit offrir un lieu fortifié, quelque ruiné qu’il parût, et quelque dénué de ressources qu’il pût être.

On a élevé un grand nombre de tours dans les Pyrénées, dit le comte, qui cherchoit à distraire l’attention et la frayeur de Blanche. La méthode qu’on y emploie pour avertir de l’approche de l’ennemi est, vous le savez, d’allumer de grands feux sur le sommet de ces bâtiments. De pareils signaux ont été quelquefois rendus de poste en poste sur