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Avouez, Marie-Antoinette
(Et bien qu’en public je sois prêt
À soutenir tout le contraire)
Que ces prétextes de mains-chaudes
Les parties de saute-mouton
Étaient un peu moins innocentes
Que jeux d’agneaux venant de naître.

Un beau jour le mari jaloux
Pour venir à bout de sa reine
Demande l’aide du docteur

Elle se morfond et lamente
Dans humiliante prison
Dans cette chemise de nuit
Juste laissant libre la tête

Vous n’êtes au bout de vos peines
Marie-Antoinette, sachez
Que ne vous seront inutiles
Aucun des jeux que vous apprîtes

Puisqu’ils sont bel et bien partis
Les jours des rubans aux paniers
Passez la tête à la lucarne
Où l’on voit le prince Charmant

Et que nulle arrière-pensée
Ne gâche l’ultime partie
De saute-mouton, de main-chaude
Bientôt votre main sera froide

Des perles de votre collier
Gygès suivra le pointillé
Car à ce mince col de cygne
La bague de Gygès suffit
Pour escamoter votre tête