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Du saute-mouton en public
Clandestines sœurs, vos amours,
En serait-ce le souvenir,

Ou le roulement des tambours
(Trapèze !) au moment du péril
Qui vous fait peur, ô débutante ?

Mais, tressé pour des bergeries
Moins sanglantes, de ce panier
Bien que de rubans défleuri
Vous rassure la vue. À tort.

*

Plus la peine de vous cacher
Parmi les arbres de Versailles
Mon bel arbuste foudroyé
Au bout du plaisir, qui, d’un jet
Peu féminin, jusques au ciel
Lancez oiseaux et sève mièvre

C’est le coup de foudre, dit-on.
Soyez plus farouche, ma reine
Et pour lucidement goûter
La pomme d’amour que vous offre
La mort, oui, le prince Charmant
Refusez que l’on vous endorme

Déjà la vie est long sommeil
Sous les pommiers au bois dormant
Et ses songes font croire à l’homme
Qu’il ne dort pas. Nous crûmes vivre,
Éternité ! Heureusement
Que de toi la mort nous délivre.

Raymond Radiguet.