Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/133

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mon dessein bien arrêté ! » « Noble singe, me répondit ensuite la reine, m’asseoir de mon plein gré sur ton dos, ce n’est pas une chose que permette le devoir. Héros, mon corps, il est vrai, a touché le corps du Rakshasa ; mais je n’étais pas maîtresse de l’empêcher : dois-je faire volontairement une chose toute semblable à cette heure, que la nécessité ne m’y contraint pas ?

« Va donc, tigre des singes, va seul où sont les deux fils du plus noble des hommes !

« Veuille bien agir de telle sorte que mon époux aux longs bras m’arrache bientôt à cette vaste mer de chagrins. Adieu, ô le plus héroïque des singes ! Que ton voyage soit heureux ! »

Quand il eut ouï ce discours, qu’Hanoûmat avait su dire avec une pleine convenance, Râma lui répondit en ces mots accompagnés de bienveillance : « Cette affaire si grande, à jamais célèbre dans le monde, impossible même de pensée à nul autre sur la face de la terre, Hanoûmat a donc pu l’accomplir ! Je ne vois, certes ! pas un être qui puisse franchir la vaste mer, excepté Garouda ou le vent, excepté Hanoûmat !

« Mais voici une chose qui désole encore mon âme contristée : je ne puis récompenser le plaisir que m’a fait ce récit, par un don qui fasse un plaisir égal ! »

Quand l’Ikshwâkide eut ainsi roulé plusieurs idées en son âme ravie, il fixa bien longtemps des yeux amis sur Hanoûmat et lui tint affectueusement ce langage : « Cet embrassement est toute ma richesse, fils du Vent : reçois donc ce présent assorti au temps et à ma condition. »

À ces mots, embrassant Hanoûmat avec des yeux noyés de larmes, il se plongea derechef au milieu de ses pensées.