Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/139

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rain des rivières et des fleuves, Râma tint ce discours à Lakshmana, qu’il voyait se tenir à ses côtés : « Le chagrin s’en va avec le temps qui s’écoule, c’est l’effet constant ici-bas : au contraire, l’absence de ma bien-aimée augmente de jour en jour mon chagrin.

« Quand s’envolera donc la Djanakide, mon épouse, du milieu des Rakshasas dissipés devant elle comme un trait de la foudre, qui a fendu le sombre nuage ? Telle que la riante fortune, quand verrai-je donc, victorieux de l’ennemi, la charmante Sîtâ aux yeux grands comme les pétales du lotus ?

« Quand me dépouillerai-je au plus vite de cet affreux chagrin que m’inspire l’absence de la Mithilienne, et me revêtirai-je de la joie comme d’un autre habit blanc ? Cette femme d’une nature infiniment délicate, le jeûne et le chagrin ont dû la rendre plus délicate encore dans la situation où elle est tombée par l’adversité de sa fortune. Quand donc, ayant plongé mes flèches dans la poitrine du monarque des Rakshasas, quand pourrai-je donc ramener ma Sîtâ, noyée maintenant sous les vagues furieuses du chagrin ? »

Tandis que le judicieux Râma se livrait à ces plaintes, le soleil, dont le jour près de finir avait émoussé les rayons, parvint à la montagne où son astre se couche.


Hanoûmat, à la grande sagesse, était parti de Lankâ, incendiée par lui, quand la mère du monarque des noctivagues Démons, ayant appris, déchirée par la plus vive douleur, ce carnage des Rakshasas terribles, pleins de force et de courage, tint à Vibhîshana, son fils, ce langage dont la plus haute vérité formait la substance : « Hanoûmat fut envoyé ici par le fils de Raghou, versé