Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/140

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dans la science de la politique et livré aux soins de chercher son épouse bien-aimée : le messager a vu la captive.

« C’est là, mon fils, un grand écueil pour le monarque des Rakshasas : tu sais, prince à la vaste prévoyance, ce qui doit en résulter à coup sûr dans l’avenir. Car, ô toi, qui sais le devoir, un grand plaisir que l’on goûte en violant son devoir ne manque jamais d’apporter à l’homme une affreuse calamité pour augmenter la joie de ses ennemis.

« Ce qu’a fait ton frère, Démon sans péché, est une action justement blâmée : elle produit en moi une douleur telle que si j’avais mangé une nourriture empoisonnée. Car, aussitôt reçue la nouvelle que Sîtâ fut enlevée, Râma, qui est le Devoir en personne, Râma, qui sait tous les chemins des flèches, va consommer un exploit digne de lui. Oui ! dans sa colère, ayant saisi son arc, il peut tarir la mer elle-même, ce héros, si ferme dans le vœu de la vérité et dans la céleste force de ses flèches !

« Quand je songe à ces grandes qualités dont fut doué ce rejeton du roi Daçaratha, la crainte agite mes sens et mon âme ne trouve point où se reposer dans la tranquillité ! Singe aux grands yeux, héros à l’esprit infiniment délié, ne laisse point échapper le moment favorable. Fais aujourd’hui même, ô toi, qui sais manier la parole, fais écouter, si tu peux, à Râvana un langage utile et qui se lève comme un astre doux sur le ciel de l’avenir. Car moi, je n’ai pas la force, mon fils, de gouverner cet insensé, ce cœur qui a secoué le frein, cette âme qui a déserté le devoir. Fais entendre, ô le plus éloquent des êtres à qui la voix fut donnée en partage, fais entendre au plus vite ces mots de ta bouche au petit-fils de Pou-