Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/153

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prendre ! Le plus terrible de tous les dangers est toujours, pense-t-on, le danger que nous apportent les parents.

« Il te déplaît, scélérat, que je sois honoré du monde ! … Mais qui est monté sur le trône a les pieds sur le front de ses ennemis ! »

Après que le monarque aux dix têtes eut jeté ces paroles, le fortuné Vibhîshana, dont il avait excité la colère, lui répondit en ces termes, debout au milieu des ministres : « Il est donc vrai, Démon des nuits ! les hommes pris de vertige et tombés sous la main de la mort n’acceptent jamais les paroles d’un ami, qu’inspire le dévouement à leur bien ! Si un autre que toi, nocturne Génie, m’avait tenu ce discours, il eût cessé de vivre à l’instant même. Loin de moi, honte de ta race ! » Après qu’il eut dit ces mots si amers, Vibhîshana, de qui la juste raison inspirait toujours les paroles, prit son vol tout à coup, le cimeterre à la main, suivi par quatre des ministres.

Il revit sa mère, lui donna connaissance de tout, et, se replongeant au sein des airs, il se dirigea vers le mont Kêlâsa, où habite le monarque à la vigueur sans mesure, fils de Viçravas, avec ses nombreux Gouhyakas et ses Yakshas à la grande force. Il y avait alors dans le palais de ce roi divin l’auguste souverain des mondes, le chef de tout, Çiva, la vertu en personne.

Environné de troupes nombreuses d’immortels serviteurs, le suprême seigneur de tous les Dieux, celui de qui le drapeau montre aux yeux un taureau, était venu avec Oumâ, sa compagne, visiter le Dieu qui préside aux richesses dans sa brillante demeure.

Aussitôt ces deux grands Immortels de jouer entre eux aux dés. Sur ces entrefaites, l’époux d’Oumâ, voyant le