Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/184

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saint asile de la femme, dit-on ici-bas, est celui qu’elle trouve auprès de son époux. Honte soit donc à moi, qui peux te voir dans cet état suprême de la mort !

« En effet, toi qui fus renversé dans ton premier élan pour me sauver, n’est-ce point à cause de moi que tu fus tué dans cette lutte avec les Rakshasas ? La parole de ceux qui t’avaient promis une longue vie n’était donc pas vraie, héros à la force inimaginable, puisque tu n’as point vécu de longues années. Comment as-tu pu tomber dans cette mort sans la voir, toi, versé dans les traités de la politique, habile à te garantir des malheurs et qui savais opposer la ruse à la ruse ? Mais, quelque savant qu’il soit, la science de l’homme expire au moment qu’arrive le Destin contraire et que vient l’heure de la mort. Car la mort, impérissable et souveraine, moissonne également tous les êtres.

« Sans doute, tu es allé dans le ciel, héros sans péché, te réunir à Daçaratha, ton père et mon beau-père, ainsi qu’à tes antiques aïeux ? Là, tu contemples ces rois saints de ta race immaculée, qui, en célébrant les cérémonies des plus grands sacrifices, ont mérité de former dans le ciel une constellation.

« Pourquoi ne tournes-tu pas tes yeux sur moi, Râma ? Pourquoi ne m’adresses-tu pas une parole, à moi qu’enfant tu pris enfant pour ton épouse et qui toujours accompagnai tes pas ?

« Lakshmana, revenu seul de nous trois, qui étions partis pour l’exil, répondra aux questions de Kâauçalyâ, insatiable de chagrins.

« Il racontera donc, héros, ta mère l’interrogeant, et mon enlèvement par un Démon, et cette mort fatale, que tu as reçue des Rakshasas dans une heure où tu dormais.