Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/185

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À la nouvelle que son fils unique fut tué dans le sommeil et qu’un Rakshasa m’avait déjà lui-même ravie à mon époux, elle quittera sans doute la vie, car tout son cœur se brisera. Allons, Râvana ! fais-moi tuer promptement sur le corps de Râma ! Joins l’épouse à son époux, et procure-moi ce bonheur, le plus grand que je puisse goûter maintenant.

« Place ma tête sur cette froide tête, unis mon corps à son corps : je suivrai dans sa route mon époux magnanime ! »

Ainsi la fille du roi Djanaka gémissait, consumée par sa douleur, et contemplait avec ses yeux troubles ce qu’elle croyait l’arc et la tête de son époux. Mais, tandis qu’elle se lamente de cette manière, voici venir le général des armées, les mains réunies en coupe, désirant parler au puissant monarque. Dans le même instant, l’âme troublée de ce qu’il venait d’apprendre, le portier du palais courut annoncer au noctivague souverain la nouvelle effrayante et malheureuse, que le général apportait à son maître. « Triomphe, dit-il, fils d’une noble race ! » Puis, après qu’il se fut incliné sur la terre, il raconta d’un air stupéfait la chose à l’Indra même des Rakshasas : « Prahasta est arrivé avec tous les conseillers ; il désire t’informer d’une affaire un peu fâcheuse, qui nous est survenue. »

À ces mots, le puissant monarque sortit avec empressement, et vit Prahasta, qui attendait non loin, accompagné des ministres. Mais à peine fut-il sorti, vivement ému, que la tête feinte s’évanouit et que l’arc gigantesque disparut avec elle.

Ayant su que Sîtâ était comme aliénée par sa douleur, une Rakshasî, nommé Saramâ, s’approcha de la Vidé-