Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/191

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divisions respectives. « C’est un singe ! » diront nos gens, qui les distingueront à cette marque. »

Après qu’il eut dit ces paroles à Vibhîshana pour le triomphe de ses armes, le sage Râma conçut la pensée de monter sur la cime du Souvéla.

Parvenu avec les singes au sommet, il s’assit là sur une roche à la surface unie. Ensuite des troupes de simiens, couvrant la terre à la distance de trois yodjanas, gravirent toutes en sautant cette montagne, la face tournée vers le midi. Arrivés là de tous les côtés en peu de temps, ils virent devant eux la ville de Lankâ remplie de Rakshasas épouvantables, d’un immense courage et de formes différentes, impatients de combattre ; tous les singes poussèrent de hautes clameurs, tels que des paons à la vue de nuages pluvieux. Ensuite le soleil, rougi par le crépuscule, disparut au couchant et la nuit vint promener la pleine lune comme une lampe au milieu du ciel.

Quand il eut à propos arrêté mainte et mainte résolution, désirant une exécution immédiate, connaissant la vérité des choses dans leur enchaînement et leurs conséquences, se rappelant d’ailleurs à quels devoirs les rois sont obligés, le Daçarathide appela vers lui Angada, fils de Bâli, et lui dit ces mots avec le consentement de Vibhîshana : « Va, mon ami, vers le monarque aux dix têtes ; ose traverser, exempt de crainte et libre d’inquiétude, la ville de Lankâ, et répète ces mots, recueillis de ma bouche, à ce Râvana, de qui la fortune est brisée, la puissance abattue, la raison égarée et qui cherche la mort :

« Abusant des grâces que t’a données Brahma, l’orgueil est né dans ton cœur, vaniteux noctivague ; et ta folie est montée jusqu’à outrager les rois, les Yakshas,