Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/192

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les Nâgas, les Apsaras, les Gandharvas, les Rishis et même les Dieux ! Je t’apporte ici le châtiment dû à ces forfaits, moi, de qui tu as suscité la colère par le rapt de mon épouse ; et j’ai la force de tenir la peine levée sur ta tête, moi, que tu vois déjà placé devant la porte de Lankâ. De pied ferme dans le combat, je suivrai le chemin, Rakshasas, de tous les rois saints, des Maharshis et des Dieux. Montre-nous donc ici, roi des noctivagues, cette vigueur avec laquelle tu m’as enlevé Sîtâ, après que tu m’eus fait sortir de mon ermitage au moyen de la magie. Je ne laisserai pas un Rakshasa dans ce monde avec mes flèches acérées, si tu ne me rends la Mithilienne et ne viens implorer ma clémence. Renonce à la souveraineté de Lankâ, abdique l’empire, quitte le trône, et, pour sauver ta vie, insensé, fais sortir ma Vidéhaine. Ce Vibhîshana qui est venu me trouver, ce sage Démon, le plus vertueux des Rakshasas et comme le devoir incarné, va gouverner, sous ma protection, le vaste empire de Lankâ. »

À ces mots de Râma, infatigable en ses travaux, le fils de Târâ se plongea dans les airs et partit : on eût dit le feu revêtu d’un corps. Un instant après, le gracieux messager abattit son vol sur le palais du monarque, où il vit Râvana paisible et calme assis dans son trône au milieu de ses conseillers. Descendu près de lui, le jeune prince des singes, Angada aux bracelets d’or, se tint vis-à-vis, resplendissant comme un brasier flamboyant.

Puis, s’étant fait connaître lui-même, il rendit, sans rien omettre, au despote, environné de ses ministres, les grandes, les suprêmes, les irréprochables paroles du Raghouide.